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NOS ARABES ONT DU TALENT

Cover Kardashian

Avant-après Kim Kardashian

Je ne croyais pas dire un truc comme ça dans ma vie, mais merci Kim K. Transformer toute une famille en produits dérivés de ton fessier a fait de toi une power lady respectée et a changé la façon dont moyen-orientaux et arabes sont perçus aux États-Unis. Pas tous, hein. Pas tout le temps. Mais quand même.

Avant, quand je me rendais aux US, mon vieux « I’m French » ne m’aurait pas convaincu moi-même. L’époque était à la « tolérance zéro » et j’étais contrainte de dérouler mon ADN au premier quidam qui trouvait mes bouclettes suspectes. Une fois estampillée « middle eastern » (lol), la fameuse convivialité américaine s’arrêtait net. Faudrait pas claquer la bise à une cousine potentielle d’Oussama Ben Laden.

Aujourd’hui, c’est libérée-délivrée que je peux déclarer « I’m middle eastern » les cheveux dans le vent, car à chaque fois, ça ne loupe pas, on me répond : « OMG ! Like Kim Kardashian ! ».

Au lieu de hurler au raccourci intellectuel et à la gêne, bah, vous savez quoi, je suis ravie. Je suis ravie d’être assimilée à cette personne dont la seule existence est un « artfou » à la notion-même d’élégance et dont le pays d’origine ne partage avec le mien qu’une passion pour la baston et les mères abusives.

Des millenials superstars

Force est de constater que, dans le sillage de Kim K, une tripotée de célébrités au patrimoine génétique pas très catholique squatte la pop culture américaine comme jamais. 

Alors que leurs parents n’avaient pas franchement le vent en poupe, les enfants de la diaspora « ouriontale » surfent sur la vague Kardashian et l’engouement provoqué par sa crinière brune, ses rondeurs callipyges et son amour du bling.

Premières servies, ses frangines, ses copines et leurs mecs aux gueules de métèques (Younes Bendjima, Zayn Malik…) soit une clique de gosses très riches soudés par le niveau de vie et l’huile d’olive.

Le mannequin Gigi Hadid, de père arabe palestinien, et son compagnon Zayn Malik. ©DR
Gigi Hadid et Zayn Malik ©D.R

Le come-back des mannequins arabes

Deuxième servi, le monde merveilleux de la mode qui ne comptait plus un seul top d’origine levantine ou maghrébine mémorable depuis la franco-algérienne Farida Khelfa dans les années 90. Le mannequin arabe, « paria de la mode » comme l’a relevé le magazine Antidote en 2016, est de nouveau bankable grâce aux copines des sœurs de Kim K (vous suivez ?), les tops Gigi et Bella Hadid, de père palestinien.

En 5 ans à peine, les frangines Hadid sont devenues si célèbres qu’elles passent déjà le flambeau à leur petit frère Anwar, mannequin comme elles.

Et elles sont érigées en nouveaux canons de beauté par la génération Instagram. Alors, je vous vois venir : “Elles sont de mère néerlandaise et, contrairement à KK, n’ont pas grand chose d’oriental.” Certes, mais plus un seul mannequin typé ces 30 dernières années et, comme par hasard, la Fashion Week 2019 de sacrer les marocaines Nora Attal et Imaan Hammam nouvelles reines des podiums. Coïncidence ? Je ne crois pas

Le mannequin arabe Nora Attal à la fashion week automne-hiver 19-20 lors du défilé Alexander McQueen, du défilé Dior et du défilé Givenchy.
Nora Attal à la FW19/20, de gauche à droite : Alexander McQueen, Dior, Givenchy, © @noraattal

Le sacre des Oscars

Dans la série « les arabes ont du talent », je voudrais le troisième servi, le cinéma, avec copain Rami Malek aux Oscars 2019. Je dis « copain » parce qu’il ressemble à la moitié de mes potes aux yeux bleus et tapis volants et que ça me fait toujours marrer quand les occidentaux s’extasient en mode surprise/racisme devant cette caractéristique physique comme devant un panda roux (« Mais il a les yeux bleus !! Mais il est si beau !! Ah merde il est égyptien ?? Mais comment c’est possible ??!!»).

Bref, les yeux de ma mère que ce regard bleu piscine a démystifié ses origines et que si Kim K et sa team n’avaient pas inondé la planète, Rami Malek n’aurait pas décroché ses statuettes

(et ne me parlez pas d’Omar Sharif en 1966, bande d’incultes, l’Égypte était alors une terre de cinéma mondial).

L'acteur arabe Rami Malek sacré oscar du meilleur acteur à la cérémonie des oscars 2019
© DR
Rami Malek, Oscar du meilleur acteur 2019, ©DR

Alors, sexy Rami énième gagnant de l’onde de choc Kardashian ? La politique américaine serait-elle la quatrième servie avec les 2 premières femmes musulmanes élues au Congrès ? Kardaconne aurait-elle réhabilité les arabes dans la culture de masse ? Vous avez 4 heures.

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