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FEMMES POLITIQUES : TENUES MASCULINES EXIGÉES ?

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FEMMES POLITIQUES : TENUES MASCULINES EXIGÉES ?

Femmes poiltiques

C’est marrant, ça. Depuis qu’Emmanuel Macron manage notre beau pays, je remarque que le look des femmes politiques n’est plus un sujet. Qu’il est loin le temps où Édith Cresson, Premier Ministre du 15 mai 1991 au 2 avril 1992, faisait la une des plus grands titres français pour une sombre histoire de longueur de jupe ! Qu’il est loin le temps où Michèle Alliot-Marie dû se transformer en bonhomme à la mâchoire carrée pour endosser le costume de ministre des Armées, où Rachida Dati s’en prenait plein la poire à cause de ses tenues couture, où Cécile Dufflot se faisait siffler à l’Assemblée Nationale…

Aaaaaah, qu’il est loin ! Que nous sommes chanceux de vivre dans cette belle démocratie progressiste guidée par l’intelligence et la parité ! Où Marlène Schiappa, ministre au Droit des Femmes, peut se balader en débardeur et décolleté, où Nicole Belloubet, ministre de la Justice, déambule, crinière au vent et look « Ile-de-Ré » dans les arcanes du Palais, où Sibeth N’Diaye, porte-parole du gouvernement, fait son entrée à l’Assemblée Nationale en perfecto, robe imprimée, et derbies Repetto aux pieds !

Wait. On me dit dans l’oreillette que je m’égare. On me dit que cette nouvelle « décontraction » des femmes politiques françaises ne serait vraie qu’en fonction du poste visé, et occupé.

Qu’entre être nommée et être élue, il y a un fossé. Que, quand il s’agit de gagner son poste à la force des urnes, t’as intérêt à étudier ton look des pieds à la tête, quitte à le sacrifier.

LE CAS RACHIDA

En ces élections municipales 2020, j’ai été frappée par le changement de look radical de Rachida Dati, candidate à la Mairie de Paris pour les Républicains. On l’avait connue sexy ministre de la justice entre 2007 et 2009, et la voilà austère pour conquérir la capitale, coupe courte, lunettes de vue, maquillage discret et dégaine de secrétaire médicale.

En vérité, ce nouveau look date de son élection à la mairie du 7ème arrondissement de Paris (2008). « L’essayer c’est l’adopter » comme dirait l’autre, vues les mises en cause vestimentaires dont elle est encore l’objet, plus de 10 ans après la fin de sa charge de ministre. Je vous invite à regarder la vidéo qui suit : c’est un extrait de l’émision « C à Vous » sur France 5 qui date du 18 novembre 2019. Douze ans plus tard, le journaliste Patrick Cohen demande encore à la femme politique de se justifier quant à la robe Dior qu’elle portait en une de Paris Match le 6 décembre 2007, et qui, à l’époque, fit scandale :

Extrait de l’émission « C à Vous » (France 5) du 18/11/19

Figure de proue du gouvernement Sarkozy, Rachida Dati, issue de la société civile, fut nommée Ministre de la Justice en 2007. C’est sous cette présidence, qualifiée de « bling-bling », qu’elle fut l’objet de nombreuses critiques quant à son style. Toujours perchée sur de hauts talons, Rachida Dati aimait le luxe et le montrait. Sacs griffés, carrés Hermès, bijoux, smokings et robes très féminines étaient sa marque de fabrique, inédite pour une femme politique de la 5ème République.

Son look, décrié par la presse pour être trop « féminin » ou trop « luxueux », a parfois fait l’objet d’analyses douteuses, souvent sexistes, parfois racistes. Ma préférée : le fait de voir dans le dressing de Rachida Dati le marqueur social d’un transfuge de classe. Comprendre : « l’arabe montre qu’elle a réussi avec des vêtements hors de prix ». Mais elle s’en foutait, Rachida. Elle avait été nommée par le président himself, telle qu’elle était. Par contre, lorsqu’il s’agit de se faire élire, elle ne s’en fout plus.

DIS-MOI COMMENT TU T’HABILLES, JE TE DIRAI SI JE VOTE POUR TOI.

Cette maxime de mon crû est vraie depuis que le monde est monde. Le vêtement et, plus largement, le look, permettent de séduire, de fédérer et de véhiculer un message.

Dans le monde politique occidental contemporain, le costume-cravate est l’uniforme incontournable des hommes de pouvoir. D’abord, parce qu’il est à la fois passe-partout et grosses couilles, ensuite parce que le vestiaire masculin est relativement réduit.

Obligatoire pour les hommes dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale, le port de la cravate y est aujourd’hui optionnel, quoi que fortement conseillé. Pour la petite histoire, c’est grâce à Jack Lang que les députés peuvent relativement se détendre. En 1985, alors Ministre de la Culture, il se fait allègrement siffler par l’hémicycle pour son costume à col Mao signé Thierry Mugler (on aime).

Archive Ina.fr sur YouTube

Depuis, le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale spécifie simplement : « La tenue vestimentaire adoptée par les députés dans l’hémicycle doit rester neutre et s’apparenter à une tenue de ville. Elle ne saurait être le prétexte à la manifestation de l’expression d’une quelconque opinion : est ainsi prohibé le port de tout signe religieux ostensible, d’un uniforme, de logos ou messages commerciaux ou de slogans de nature politique. »  (extrait de l’Instruction générale du bureau de l’Assemblée, telle que modifiée par arrêté du Bureau de l’Assemblée (composée exclusivement de députés) par arrêté du 24 janvier 2018, article 9 « Tenue en séance »).

Exceptés les quelques « coups médiatiques » récents orchestrés par le député François Ruffin, en maillot de football à la tribune de l’assemblée en décembre 2017, et Jean Lassalle, qui y est apparu en gilet jaune en novembre 2018, jamais aucune tenue d’homme politique français ne fit scandale, au contraire. On se souvient des articles dithyrambiques sur le look de  Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur de François Hollande élu «homme le mieux habillé de France» en 2016 par le magazine GQ. On ne compte plus les décryptages mode sur l’allure de Jacques Chirac sujette à un véritable culte, notamment par le compte instagram à succès « Fuck Yeah Jacques Chirac ».

Tout ça pour dire que, pour un homme politique classique, c’est fastoche d’avoir l’air crédible : un pénis, un parti, un costume, une chemise, une cravate, des chaussures qui brillent, un sourire de connard et bim, on vote pour lui.

Mais les femmes politiques n’étaient pas prévues au programme… En France, quand elles accèdent enfin à des fonctions de premier plan, nous sommes déjà dans la seconde moitié du vingtième siècle. Elles possèdent une garde-robe plus variée que celle des hommes et aucune règle ne s’applique à elles. L’occasion était trop belle pour ne pas leur mettre la misère.

SO-SO-SO SCANDALOUS

LE LOOK D’ÉDITH CRESSON

Notre seule et unique Première Ministre subit des attaques sexistes et misogynes dès le début de sa carrière politique. La postérité retiendra la banderole de la FNSEA qui, alors qu’elle était ministre de l’agriculture disait,  « Édith, on t’espère meilleure au lit qu’au ministère ! » et, plus sophistiqué, on adore cette déclaration toute de culture du député UDF François d’Aubert, tranquilou face caméra : « On est dans un système incroyablement monarchique. Regardez le parcours de Madame de Pompadour, regardez le parcours d’Édith Cresson : il y a un parallélisme certain. » (comprendre : elle couche avec Mitterand, tout s’explique).

Entres autres « Elle est pas mal foutue ! » et « Tu crois qu’elle a un slip ? » braillés par des députés en roue libre au cœur de l’hémicycle, le look d’Édith Cresson est, sans cesse, décrypté sous le feu des analyses. Presse féminine mais aussi grands titres nationaux en font un véritable enjeu français, quitte à la décrédibiliser, faire le jeu de ses (nombreux) adversaires et la renvoyer sans cesse, de manière sibylline, à sa condition de femme.

LES LOOKS DE SÉGOLÈNE ROYAL

La femme politique à qui on a le plus cherché de noises côté style (avec Édith Cresson et Rachida Dati), c’est Ségolène Royal. Pourquoi ? Parce qu’elle a bien failli être notre Présidente de la République pardi, sans quoi on lui aurait certainement foutue une paix… royale. Dans la famille « femmes politiques et frasques vestimentaires », je demande son look de candidate à la présidentielle (2007). La communication politique dans la peau et jusqu’au bout du style, madame Royal multiplie alors les tailleurs noirs et blancs, un sans-faute mode classique et rassurant quand, en janvier 2007, patatra : la candidate s’affiche en blanc lors d’un voyage en Chine, catastrophe diplomatique qui lui vaudra les foudres de la presse française et internationale.

L’élection est perdue mais l’engouement, toujours vivace quand, nouveau revirement mode, Ségolène Royal s’affiche en tunique et en jean. Nous sommes au « Rassemblement de la Fraternité » de septembre 2008 et perplexes, goguenards ou conquis, les commentateurs se déchaînent sur le style de Ségolène. Ça tombe bien : c’est exactement ce qu’elle cherche.

LES CROCS DE ROSELYNE BACHELOT

Ça a bien « lolé » ce 27 août 2008 quand Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, a posé à la sortie du Conseil des ministres des « Crocs » roses aux pieds.

Ce que l’Histoire ne dit pas c’est qu’il s’agissait, en fait, d’un pari plutôt sympathique : la femme politique avait promis de porter cette paire de sandales en plastique devant les journalistes si la France revenait des JO de Pékin avec 40 médailles en poche, au moins.

Ce que l’Histoire retient c’est « hinhinhin. »

©DR

LA ROBE DE CÉCILE DUFFLOT

Changement de gouvernement. Nous sommes en 2012, sous François Hollande, quand Cécile Dufflot, ministre du Logement et de l’Égalité des territoires se fait « chahuter » en pleine séance de questions au gouvernement. Sifflets, huées, rires gras et blagues flasques fusent alors que l’écologiste descend les marches de l’hémicycle pour prendre le micro. L’objet de cette franche rigolade ? Sa robe à fleurs de la marque Boden.

Et vas-y que ça se claque les cuisses la bave aux lèvres chez les députés de droite au point que Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, s’indigne. Interrogé en sortie de séance, Patrick Balkany, premier sur les blagues, déclarera :

« Nous n’avons pas hué ni sifflé Cécile Duflot, nous avons admiré. Tout le monde était étonné de la voir en robe. Elle a manifestement changé de look, et si elle ne veut pas qu’on s’y intéresse, elle peut ne pas changer de look. D’ailleurs, peut-être avait-elle mis cette robe pour ne pas qu’on écoute ce qu’elle avait à dire. ».

Patrick Balkany, 17/07/12

Quelques semaines plus tôt, Cécile Dufflot avait déjà créé la polémique en arrivant en jean au premier conseil des Ministres du gouvernement Ayrault. Indignation totale à droite d’une autre femme politique de premier plan, Nadine Morano, en grande forme sur RTL : «Je trouve que quand on représente les Français, il faut faire la différence entre la dilettante du week-end et la tenue du conseil des ministres. C’est un moment protocolaire de la République où nous représentons tous les Français.»

LES TALONS D’NKM

Plus du domaine de la rumeur que du scandale, Nathalie Kosciusko-Morizet déclarera, en 2016, qu’un compte Twitter fétichiste aurait été dédié à ses chaussures. Rien d’étonnant à cela puisque, lors de ses fonctions de Secrétaire d’État puis de Ministre (2009-2012), les photos sur lesquelles elle s’affiche en hauts talons se multiplient. Il n’en fallait pas plus pour qu’on la « suspecte » de ne porter que des talons aiguille de 12 centimètres et que ce sujet enflamme les réseaux sociaux. Tournée en ridicule par les Twittos, NKM devient l’objet du hashtag parodique #PoseTaNKM qui détourne l’une de ses photos prises pour Paris Match.

En 2012, Le Point révèlera avec fracas la valeur d’une de ses paires de bottes de la marque Hermès, 1700 euros, un scoop fruit d’une investigation de haut vol qui, malgré tous les efforts du magazine, ne fera pas sombrer la République dans l’anarchie, le chaos et le sang. Étonnant.

Malgré ces divers scandales, ni Édith Cresson, ni Ségolène Royal, ni Roselyne Bachelot, ni Cécile Dufflot, ni NKM ne renonceront à la féminité de leur garde-robe pour faire avancer leur carrière politique. Mais d’autres femmes politiques l’ont fait.

LE CHOIX DU TRAVESTISSEMENT

ÉLISABETH GUIGOU

Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. En 1982 et à l’âge de 36 ans, Élisabeth Guigou entre au cabinet de Jacques Delors puis rejoint celui de François Mitterrand à l’Élysée. Chargée des questions économiques et financières internationales, cette jeune femme, outre son talent, détonne par son physique particulièrement charmant. Minois de chat, boucles d’or et lèvres rouges, Élisabeth Guigou est si belle que, aujourd’hui encore, on peut lire sous certaines photos d’NKM des commentaires de vieux de la vielle du type « Elle ne sera jamais aussi belle qu’ Élisabeth Guigou » (ndlr : lol).

Très « femme des années 80 », Élisabeth Guigou manie tailleurs aux couleurs éclatantes, maquillage, accessoires et permanentes à la perfection et pose dans la presse comme une star du petit écran. Son allure est largement commentée, et elle gravit sans embuches tous les échelons, jusqu’à devenir la première femme nommée garde des Sceaux, en 1997, excellente nouvelle pour la place des femmes en politique s’il n’y avait un petit détail…

Plus Élisabeth Guigou évolue positivement dans sa carrière de femme politique, plus on observe un « assagissement » de son vestiaire. Plus ses postes son hauts , plus elle quitte jupes, brushings et lipsticks pour un dressing formel, quasiment unisexe.

Bye-bye le « power dressing » avec une touche de glamour, Élisabeth Guigou opte pour un uniforme austère, une coupe courte et un maquillage sans relief pour mieux, pense-t-on, enfiler l’habit de ses nouvelles fonctions. Vous avez dit triste ? Oui, ça l’est.

MICHÈLE ALLIOT-MARIE

Même trajectoire pour MAM, qui, lorsqu’elle devient la première femme Ministre de la Défense, en 2002, est méconnaissable. Femme politique de droite, on la savait très à cheval sur la liberté vestimentaire, limite #thuglife. En 1972, en effet, elle se voit refuser l’accès à l’hémicycle pour « port de pantalon », ce dernier étant, à l’époque, interdit aux femmes dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale. Face à ce refus, elle propose de régler le problème tout simplement : en enlevant son pantalon.

Quelle ironie de l’histoire quand c’est elle-même qui jette aux oubliettes son look « BCBG à l’Île-de-Ré » pour apparaître les cheveux courts, le costume gris et les dents serrées en tant que Ministre de la Défense.

À ce sujet, elle déclarera en 2012 sur D8 : « Mon image n’était pas la même quand j’étais dans mes deux premiers ministères, c’est à dire à l’Enseignement et à la Jeunesse et aux Sports. Et c’est vrai, là on peut se mettre des vestes de couleur, on peut avoir une attitude plus décontractée. […] Quand on passe les troupes en revue, quand on représente la France à l’étranger sur des sujets qui concernent la guerre ou la paix, ou la vie d’hommes ou de femmes doivent être engagée, on n’est pas forcément rigolote »

« Rigolote », la garde-robe des femmes ? Tiens-donc.

ÇA SE RESSEMBLE PAS MAL, À PARIS, ÇA SE RESSEMBLE PAS MAL !

Retour aux municipales 2020. Pour la première fois, la Mairie de Paris se jouait entre trois femmes : Rachida Dati (LR), Agnès Buzyn (LREM) et Anne Hidalgo (PS), qui l’emporta avec 48,70% des voix.

Pour ces trois femmes d’État, le parti-pris vestimentaire était un enjeu de communication national. Anne Hidalgo, fidèle à elle-même, s’est affichée dans le look qu’on lui connaît, élégant et tout-terrain. Agnès Buzyn a troqué ses faux-airs de Simone Veil pour un brushing dans le vent et un style classique façon « je suis comme vous », idéal pour courir la capitale. Rachida Dati, longtemps vilipendée pour son allure « glamour », est restée fidèle à ses habits de maire du 7ème, pratiquement unisexes.

Ce qui me saute aux yeux, c’est que toutes trois, bien que de partis différents, pourraient s’échanger leurs vêtements aveuglément.

Mêmes cabans, chemises blanches, trenchs, blazers et pantalons à pinces parfaitement raccords avec une même mise en beauté, à la fois discrète et guindée. Il s’agit d’un savant mélange de vestiaire classique, de « power dressing » et d’un je-ne-sais-quoi de bourgeoisie catholique. On les croirait collègues, ou copines. Peu importe le parti, elles appartiennent à la même famille : celle des femmes politiques.

Pourtant, comme je le disais précédemment, les femmes possèdent une garde-robe plus variée que celle des hommes et, en politique, aucune règle ne s’applique à elles.

Je crois qu’une sorte d’accord tacite entre les femmes politiques s’est mis en place sous la forme d’un uniforme, construit après des décennies de scandales et de remarques sexistes. Visiblement, certaines fonctions, pour briser le plafond de verre, nécessitent encore qu’elles y sacrifient leur vestiaire et, par extension, un peu d’elles-mêmes.

Symbole de sérieux, le vestiaire formel version « femme » s’inscrit dans les codes du « power wear » masculin. Il prouve que, symboliquement et physiquement, une femme peut occuper le même espace qu’un homme. Les courbes du corps sont effacées, les épaules, plus carrées, les couleurs, discrètes, la chemise, genderfluid et le pantalon, de bon ton. À l’international, on pourrait citer Christine Lagarde, Angela Merkel ou Theresa May, parfaitement raccord avec leurs homologues masculins.

Alors quoi, le fauteuil de Maire de Paris serait encore si associé aux hommes qu’il ne souffrirait pas la moindre touche girly ? La crédibilité d’une femme politique se jouerait encore à une paire de talons aiguille ? La réponse est oui.

Si vous voulez en savoir plus sur ce sujet, je vous conseille l’excellent article de Sophie Lemahieu dans le catalogue de l’exposition « Tenue correcte exigée » du Musée des Arts Décoratifs (2016).

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