BRIDGERTON : CHRONIQUE D’UN MASSACRE MODE

La Chronique des Bridgerton, sur Netflix, surfe sur les anachronismes mode pour mieux nous permettre- dit-on- de nous « identifier » à ses héros.
« Il fallait rendre les costumes de la Régence anglaise modernes», Ellen Mirojnick répète-t-elle à tours d’interviews. La costumière en chef de la série est visiblement très fière d’elle…
Un « period drama » signé Shonda…
Le pitch de ce massacre historique ? La Chronique des Bridgerton est, à la base, une saga de 9 romans à l’eau de rose signée Julia Quinn intitulée The Bridgerton Series. L’auteure, sorte de néo Barbara Cartland sans permanente, fait du sous Jane Austen en plus sulfureux. Ambiance anglaise le petit doigt en l’air, bals à tout va, jeunes filles à marier, familles rivales, amours impossibles… Tu la vois venir l’adaptation Netflix ?
Et avec Shonda Rhimes aux manettes, autant vous dire que Bridgerton promettait 9 saisons en crousti-crinolines d’anthologie.

Tournage de « La Chronique des Bridgerton » ©DR
Bon. C’était la première saison et je vous passe ma déception généralisée sur l’intrigue (très bien résumée par cet article de Slate). Mais ce que je ne vous passerai PAS, c’est un décryptage « histoire de la mode » en bonne et due forme.
Je ne comprends pas pourquoi tout le monde s’extasie devant les costumes de La Chronique des Bridgerton.
Comme pour les reproductions un peu « cheap » des rues de Londres qui rappellent étrangement Main Street USA, ces dames ressemblent surtout à des princesses Disney.
Je vous vois déjà hurler « C’EST FAIT EXPRÈS, T’ES TELLEMENT PREMIER DEGRÉ » zé autres poncifs outrés. J’avais bien compris l’envie, à l’instar d’un Marie Antoinette de Sofia Coppola, de détourner les normes du costume d’époque pour plus de rock’n’roll. Je n’aurai rien contre si c’était bien fait.
Or, dans La Chronique des Bridgerton, niveau costumes on nage en plein Kamoulox.
« Faire l’opposé d’un Jane Austen »
Ellen Mirojnick again dans « The Hollywood Reporter » : « Notre intention était de faire complètement l’opposé d’un Jane Austen, dans la mesure où les costumes de « La Chronique des Bridgerton » devaient avoir quelque chose d’inspirant ». Tu te calmes, Ellen.
Que celle qui ne s’est jamais rêvée pieds nus sous la pluie à hurler « Willoughby !! » me jette la première pierre.

Kate Winslet dans « Raison et Sentiments » de Ang Lee (1995), © DR
Car flotte sur cette nouvelle série historique de Netflix l’ombre de celle dont les superbes romans sont devenus de superbes films : Jane Austen. Raison et sentiments, Orgueil et préjugés, Emma et autres Mansfield Park font partie d’une œuvre littéraire majeure qui critique les mœurs de la gentry anglaise du début du 19ème siècle sur fond de romantisme. Les romans de Jane Austen sont aussi l’occasion de découvrir comment s’habillait la haute société britannique sous la Régence, des plus fortunés aux aristocrates les plus « déclassés » comme le sont souvent les héroïnes de l’autrice.

Édition originale des romans de Jane Austen
Dixit Ellen Mirojnick donc, La Chronique des Bridgerton entend s’opposer à la dégaine « à la Jane Austen » tout en dépeignant la même société et la même période historique.
Au passage, il est important de préciser que, à cette époque, les « grands » du royaume d’Angleterre ne s’étaient pas tous regroupés à la cour (contrairement aux français, ces lèche-bottes). Ils préféraient séjourner sur leurs terres et avaient adopté des vêtements bien loin du faste de l’étiquette, des fringues simples et casual, débarrassées des dentelles, fanfreluches et autres jabots encombrants. Ça c’est la réalité, que l’on voit très bien chez Jane Austen vs Julia Quinn qui embellit un peu (trop) le tableau.
De plus, cette dernière met en scène des protagonistes richissimes. On n’est pas sur de la petite noblesse de campagne qui a à peine de quoi se chauffer, quoi. On est sur de la noblesse de ville qui croule sous le bling.
La Chronique des Bridgerton dépeint deux familles d’aristocrates superbement installées à Londres : les Bridgerton, à l’arbre généalogique 5 étoiles depuis Guillaume le Conquérant, et les Featherington, des nouveaux riches qui veulent devenir califes à la place du calife. Palais particuliers, domesticité, marmaille en pagaille et carnets de bal, les personnages principaux de Julia Quinn ne s’abaisseraient jamais à prendre le thé avec ceux de Jane Austen. On mélange pas les torchons et les serviettes.
Si les sœurs Dashwood cherchent l’amour en popeline de coton, les Bridgerton, elles, vont chez la « modiste » tous les jours pour « appâter le mari » en satin et en velours.

Les sœurs Dashwood VS les sœurs Bridgerton
Trêve de proverbes. Nous sommes en 1813 et, qu’elles soient modestes ou fastueuses, les robes portées par ces demoiselles doivent toutes répondre au même modèle : la robe Empire.
Alors qu’en France, Napoléon Bonaparte est Empereur des français depuis presque 10 ans, en Angleterre, c’est complexe. Frappé de folie, le roi George III est gentiment mis au placard et c’est son fils – le futur George IV- qui assurera la régence de 1811 à 1820 (quoique le terme de regency era sera parfois utilisé pour désigner une période plus large, bref on s’en fout). Aux côtés du « Prince Régent » trône la reine Charlotte, épouse de George III, et cette époque se caractérise autant par les excès de l’aristocratie anglaise que par l’incertitude due aux guerres napoléoniennes, aux idées de la Révolution française… enfin comme d’habitude, les frenchy foutent la merde.
Mais ce que les frogs ont fait de bien, c’est d’imaginer, quelques années plus tôt pendant le Directoire (1795-1799), un vestiaire que je qualifierai de « libéré, délivré ».
Côté femmes, celles qu’on appellera les « Merveilleuses » se trimballent quasiment à poils.
Adios robes à corsets et paniers XXL, la mode est à la robe-chemise ultra souple qui ressemble à un négligé d’intérieur.

Une « Merveilleuse », « Point de convention » (détail), ca. 1801, Boilly
Blanche, à taille haute, elle est en batiste, en calicot, en mousseline ou en gaze, parfois si transparente qu’il faut, en-dessous, enfiler des collants blancs ou roses. On vient de découvrir Pompéi et Herculanum, le néo-classicisme est à son comble et, par les jeux de plis, on cherche à imiter l’allure des statues antiques.
Napoléon déboule et siffle la fin de la récré, récré qui n’avait d’ailleurs pas franchi nos frontières… quoi que. Dès la fin du 18ème siècle, ce style va désormais prévaloir partout en Europe : chez la femme, une première version de la robe « Empire » était née.
Aux origines de la robe Empire : élégance et classicisme
Alors la robe « Empire », qu’est-ce que c’est ? C’est un fourreau très étroit ou une tunique ultra près du corps. On la reconnaît en un clin d’œil à sa taille sous les seins.

« Madame Récamier », François Gérard, 1802, © Musée Carnavalet
De 1799 à 1819, la robe Empire connaît de nombreuses modes et évolutions, mais sa ligne, censée imiter les statues de l’Antiquité, reste la même. Aux origines, elle est blanche et fabriquée dans des textiles aériens histoire d’en rajouter dans le « déesse effect » ( linon, percale, tulle, mousseline…).
En dessous, il y a évidemment un demi-corset. Au-dessus, c’est plein phare sur la poitrine de ces dames avec un décolleté carré dont l’effet pigeonnant est assuré par cette fameuse taille ultra haute. La ceinture qui marque la taille est également, jusqu’en 1806, prolongée par une traîne. Les manches sont courtes et de forme « ballon » et les ornementations, simples (style broderies blanches de motifs végétaux).

Robe empire en mousseline brodée, bonnet et châle turc, ca.1806, ©V&A
La robe Empire est toujours nonchalamment portée avec un châle oriental, signe ultime de richesse et de glam. Ça, c’est pour la version originelle, franco-française, napoléonienne bref, classique.

« Costumes féminins, France », ca.1802-1814, Auguste Racinet
Je vous passe le trip «sultane » avec turbans sur la tête ou accessoires « à l’Espagnole » (des modes qui suivent les campagnes napoléoniennes), l’apparition de textiles plus lourds (gros de Naples, satins, velours, moires) et de coloris sombres comme le noir, le vert, le rouge, le bordeaux et le pourpre, mais, au global, la silhouette Empire se diversifie. Notamment de l’autre côté de la Manche…
La robe Empire pendant la Régence anglaise : une évolution gothique
La première saison de La Chronique des Bridgerton se déroule en 1813. Les tensions franco-anglaises sont à leur comble, le blocus complique les voyages, impossible donc pour les brits de copier la mode française. Les robe Empire de la Régence vont alors fortement se démarquer, en roue libre.

Robes du soir, 1818. © MET Museum
Côté inspiration, on puise dans le patrimoine national. Les robes empire de ces dames empruntent au vestiaire médiéval et se teintent de style « Tudor » ou gothique.

Robes du soir, circa 1820 © DR
Quand Daphne Bridgerton jette son dévolu sur le duc, le bas des robes est plus volumineux, ornés de fanfreluches. Le corps de la robe, lui, s’élargit, il se pare de crevés, de bourrelets, de bouillonnés, de volants ou de ganses qu’Elisabeth 1ère elle-même n’aurait pas renié.

Robe Régence, circa 1823, © McCord Museum
Les manches sont de plus en plus ornementées ou prennent une forme bouffante appelée « à la mamelouk ».
Le décolleté est vaguement caché par des matières légères pour mieux se révéler et les poitrines de ces dames s’ornent de guimpes, de ruches, de fraises ou de chérusques.

« Lady Jane Monro », Sir Martin Archer Shee, 1819 © National Portrait Gallery
Le soir, la ceinture sous les seins se couvre de bijoux et, dans les cheveux, le bonnet laisse place aux tiares et aux plumes d’autruche. Simple, quoi.
Bizarrement, cette opulence reste dans une relative simplicité. Les lignes sont fluides, les tissus, toujours plus ou moins modestes et transparents, le blanc et les beiges dominent et, côté ornementation, on ne cumule pas. On fait des choix.
La robe Empire dans Bridgeton : « Dress to impress »
Le mot d’ordre était clair : Ellen Mirojnick devait rendre les personnages sexy en diable. Pour La Chronique des Bridgeton, la costumière et son (énorme) staff revendique avoir puisé dans de nombreuses périodes de l’histoire pour mettre au point un vestiaire « Régence » version Shonda Rhimes.
Si la base de travail reste la silhouette empire et que l’on y retrouve tous ses codes extérieurs, comme la taille haute des robes, les demi-corsets et les longs gants de satin, ce qui frappe avant tout, c’est les couleurs.
Dès l’épisode 1, c’est l’overdose de pastel, de fluo et de couleurs « candy » garanties 100% remontées acides.
Bienvenue au temps de la Régence selon Netflix, où colorama à la Willy Wonka et tonalités crème-glacée cohabitent dans un nuage de cristaux Swarovski…

Une partie du moodboard d’Ellen Mirojnick, ©Ellen Mirojnick
Ellen Mirojnick avait deux interdits : contrairement à la vérité historique, les personnages de femmes ne porteraient ni bonnets, ni mousseline. Remplacer les bonnets de bonniches par des coiffes, pourquoi pas, mais alors cette fatwa sur la mousseline de soie je ne me l’explique pas… L’explication officielle donnée sur Vogue.com est : « la mousseline donne une impression de mollesse. » Bon.
Personnellement, je préfère « une impression de mollesse » à « une impression de déguisement acheté rue du Faubourg Montmartre ».
Mais il ne tient qu’à moi, hein #bienveillance.

Phoebe Dyvenor en séance d’essayages, ©Netflix
La direction artistique consistait à en faire des caisses. Toujours plus de superpositions de tissus, de voilages dans tous les sens, de broderies colorées, de traînes et de froufrous, de fleurs, de papillons, bref, n’importe quoi tant que la taille restait bien « empire », c’est-à-dire sous les seins. En parlant de seins, certains personnages féminins avaient la gorge bien plus décolletée que d’autres mais aussi bien plus bijoutée. Il était important, pour les gros plans, que l’on comprenne qui chassait le mari rapport au centimètre carré de peau visible.
Mais trêve de généralités, place aux cas pratiques :
LES BRIDGERTON

La famille Bridgerton, © Netflix
Style : ce sont les plus classiques
Couleurs : roses poudrés, bleus pâles, argenté, verts d’eau
Emblème : l’abeille
Mon avis : je passe les couleurs kiki cupcake, j’ouvre mes chakras et dis « ok ».
DAPHNE BRIDGERTON

Les costumes de Daphne Bridgerton, © Netflix
Miss « objectif mariage/famille/patrie » ni trop belle ni trop laide, ni trop intelligente ni trop bête (bref, une femme comme on les aime), multiplie les tenues les plus « historiquement correctes » de la série.
On est évidemment dans du bleu ciel #candeur, du blanc cassé #virginité et un air perpétuellement étonné rehaussé par du rose poudré #timidité.
Elle est le personnage qui compte le plus de costumes différents avec, au total, plus de 100 robes tout au long de la saison. Ses robes de jour comme du soir sont celles qui ressembleraient le plus aux véritables robes de l’époque, version princesse Disney.
ELOISE BRIDGERTON

Les costumes d’Eloise Bridgerton, © Netflix
Et on dit bonjour à George Sand !
La sœur « rebelle » (il y en a toujours une) se démarque d’abord par son absence de décolleté, caché par une blouse à col lavallière qui lui donne des faux-airs de mec. Elle est également la seule à porter un Spencer dans la rue, une veste de chasse hyper banale mais qui, dans la série, renforce encore son côté garçon manqué. Enfin, l’idée fut qu’elle soit toujours mal fagotée dans ses robes. Trop courtes, trop grandes, trop amidonnées, trop étouffantes… on a compris : Eloise Bridgerton n’est pas bonne à marier. Ça c’est pour Netflix. Dans la vraie vie, elle se serait fait arrêter pour « travestissement » et jeter aux oubliettes aussi sec.
ANTHONY BRIDGERTON ET LE DUC

Anthony Bridgerton et le duc de Hastings, © Netflix
Simon Basset, le sexy duc de Hastings qui affole la toile, se démarque fortement des autres personnages masculins de la série par son style. Alors que son meilleur pote Anthony Bridgerton répond parfaitement aux codes du costume civil masculin de l’époque, le duc, lui, a presque 20 ans d’avance.

Anthony Bridgerton, ©Netflix – George Brummel, © DR
Anthony Bridgerton, c’est la réplique exacte de George Brummel, premier dandy ever qui donnait le « la » de la mode homme.
Redingote bleu marine, chemise blanche, gilet blanc, pantalon peau, bottes à revers, haut-de-forme… Comme tous les hommes de son âge et de sa condition, il est un fashionable comme les autres. Bravo Ellen.
Alors que les frères Bridgerton et les autres personnages masculins de la série affichent des couleurs lumineuses (plus que l’époque n’en tolérait)…

Simon Basset, ©Netflix – Lord Byron, © DR
Simon Basset, lui, c’est le BG à la con façon sexy Dracula qui jette des regards mystérieux à la cafétéria.
Rouge, noir, gris, violet, bordeaux… comme pour sa tante, un zest de steampunk plane sur son dressing et, côté style, c’est yolo. Ellen Mirojnick dira que, pour habiller le duc, elle s’est beaucoup inspirée de Lord Byron, poète romantique 100% dépressif. La costumière multiplie les anachronismes à dessein : Simon Basset porte beaucoup la jaquette, l’habit et un manteau aux forts codes de trench coat. Très « chemise ouverte sur glotte de lover », sa cravate est toujours défaite, ses gilets, trop bariolés pour être honnêtes et j’en passe et des meilleures.
LADY DANBURY

Les costumes de Lady Danbury, © Netflix
Je pense que c’est le seul personnage dont je suis vraiment fan des costumes, même si on est dans du n’importe quoi big time. Côté « vérité historique », la tante du cul duc se démarque d’abord par sa passion pour le rouge, le bordeaux, le noir et le pourpre bref, carton plein côté couleurs car elles étaient très en vogue à l’époque. Velours moiré, organza de soie, incrustations de dentelle, tissus d’ameublement (et c’est un compliment)…
Lady Danbury est, selon moi, le personnage le plus chic de toute la série, bien que peu réaliste.
De nuit, ses robes d’apparat sont impeccables, accompagnées de tiares Swarovski façon sexy impératrice Joséphine ainsi que, très souvent, d’improbables collerettes « à la Peau d’Âne » (des chérusques) mais, la mode étant au come back du style médiéval, on va dire que ça passe.
En revanche, ses costumes de jour, comme pour matcher avec sa sex bomb de neveu, surfent sur les codes masculins du « dandy ». Comme je le disais pour Eloise Bridgerton, à l’époque, le moindre emprunt au vestiaire du sexe opposé et c’était la prison assurée. Lady Danbury s’affiche volontiers avec de petits chapeaux haut-de-forme aux couleurs de ses robes, normalement réservés au « total look cavalière » quand on allait chasser. Ce style de chapeaux et les couleurs sombres qui la caractérisent donnent à notre héroïne un petit côté steampunk, évidemment renforcé par une canne à pommeau toujours très « dandy ». Enfin, à l’image de Simon Basset et pour en rajouter dans la fierté, Lady Danbury affiche souvent un col haut surprenant et la coupe de ses robes rappelle plutôt celles qu’on verra apparaître une vingtaine d’années après l’intrigue.
LES FEATHERINGTON
Couleurs : jaune citron, orange acide, rose bonbon, citron vert, l’enfer
Emblème : le papillon (de lumière)
Mon avis : Ça aurait pu être drôle. C’est pathétique.
LADY PORTIA FEATHERINGTON

Les costumes de Portia Featherington, © Netflix
Et c’est parti pour le grand n’importe quoi qui fait flop. On nous explique que la cheffe de famille s’est auto-proclamée styliste pour marier ses filles. Son idée : qu’elles se démarquent avec un style qui claque, style dont elle est la première égérie.
Direction les années 50 (oui, oui) pour Portia qui multiplie les décolletés en cœur et les robes fourreau drapées comme Christian Dior le fera 134 ans plus tard.
Ellen Mirojnick revendique l’inspiration New Look du personnage de Portia, dans la mesure où elle voulait en faire une star, une diva de la Régence, une Élisabeth Taylor du 19ème siècle.
Côté ornementations, ce qu’on voudrait « lol » et « Couture » devient juste laid. Malgré l’évidente qualité des tissus utilisés, les broderies fleurs et papillons bariolés jurent sur des fonds de robes criards certainement issus des invendus Desigual. Sad.
PENELOPE FEATHERINGTON

Les robes de Penelope Featherington, © Netflix
La sœur la plus intéressante de cette famille en est aussi « la petite grosse » et on le lui fait bien sentir.
L’enfer sur terre que de faire porter une robe Empire à quiconque dépasserait la taille 38. De liane à boule de pâte de pain, le pas est franchi.
Les costumiers s’en sont donnés à cœur joie. Contrairement à ses sœurs, Penelope a les robes les moins ornementées, affiche les pires couleurs et le tout donne comme une impression de papier crépon. J’espère que l’actrice a touché un bon billet parce que, personnellement, je l’aurai eu mauvaise. Heureusement que- certainement par pitié- elle porte de nombreux colliers.
PRUDENCE ET PHILIPPA FEATHERINGTON

Les robes des sœurs Featherington, © Netflix
Telles les méchantes demies-sœurs de Cendrillon, elle sont laides, elles sont bêtes, elles sont superficielles. Portia Featherington les transforme en « coquettes » et, toujours pareil, à vouloir faire marrant on tombe dans le déguisement. Tout est trop, trop est tout bref, les images parlent d’elles-mêmes.
MARINA THOMPSON

Les robes de Marina Thompson, © Netflix
La scandaleuse cousine Featherington porte aussi bien la robe Empire que moi, le jean slim. D’extraction plus modeste mais de caractère plus moderne, elle arbore de nombreuses robes à bretelles, rarissimes pour l’époque. Alors pourquoi ce modèle ? Parce que ça fait « jeune d’aujourd’hui », pardi ! #maisquelleangoisse
De manière générale, les costumes de Marina Thompson – bien que toujours aussi criards – sont un peu moins froufroutés que ceux de ses cousines, reposant ainsi nos yeux le temps de quelques répliques aussi plates qu’attendues.
Un détail intéressant néanmoins est à noter.
Autour du cou de la jeune fille pend un médaillon à portrait. À l’époque, il n’était pas rare de voir des femmes porter ce type de bijou dans lequel était peint un visage masculin. Or, Marina Thompson attend le retour de son fiancé, parti guerroyer … BRAVO ELLEN ! ÇA, ON AIME !
LA REINE CHARLOTTE

Les costumes de la Reine Charlotte, © Netflix
Seul personnage de la série ayant réellement existé, la reine Charlotte, contrairement aux autres femmes, porte toujours perruques et robes à paniers. Elle monte sur le trône d’Angleterre en 1761, Marie Antoinette est LE modèle à suivre de toutes les cours européennes alors, jusqu’à sa mort, la reine Charlotte ne quittera pas l’habit Ancien Régime quitte à paraître un peu vieux jeu.
Habiller cette reine métis (ce n’est pas une lubie de Shonda Rhimes) a été le plus grand kiff d’Ellen Mirojnick de toute la série… et ça se voit. Si la structure du costume de la reine Charlotte est toujours la même, deux robes l’une sur l’autre avec une ouverture sur le devant en forme de sablier, les costumiers ont pris un malin plaisir transformer ce personnage un bonbon géant, à la fois majestueux et grotesque.
Ce qui retient le plus l’attention, c’est que capillairement, c’est la fête.
Chaque apparition de la reine est l’occasion de l’affubler d’une perruque démesurée, bleue, rose, frisée comme un caniche, montée comme une glace à l’italienne, crêpée comme une afro, flaquée d’une pyramide de bijoux.
Rien de neuf sous le soleil, le créateur Charlie Le Mindu nous ayant largement habitué à ce genre de crazy perruques depuis une dizaine d’années, pour Lady Gaga ou d’autres. Il y a également quelque chose du Marie Antoinette de Sofia Coppola dans tout l’univers de la reine, des couleurs aux petits chiens en passant par les cupcakes. Coïncidence ? Je ne crois pas.
Ohé, ohé qualité abandonnée
À trop mélanger époques, couleurs et inspirations, les costumes de La Chronique des Bridgerton tombent dans le grand n’importe quoi.
En comptant les accessoires, la production a créé plus de 7500 pièces « from scratch ». Joli record mais la qualité des costumes en a certainement souffert vu le nombre de messages que j’ai reçu allant dans le même sens :
ça fait « cheap ».
T’as beau avoir les meilleurs artisans du monde, si les matières premières utilisées ne suivent pas, c’est raté.
Heureusement qu’il y avait les scènes de sexe, seul intérêt de ce « period drama » bien trop sucré.